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Programme scientifique

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Le programme scientifique est structuré par six thématiques prioritaires :

  1. Nature et circulation des savoirs disciplinaires en classe et en formation ;
  2. Formation, pratiques, spécialités enseignantes et éducatives ;
  3. Mondialisation, innovations, évolutions professionnelles et curriculaires ;
  4. Publics scolaires, socialisation et apprentissage ;
  5. Enseigner, former et apprendre avec et par le numérique ;
  6. Cognition, cerveau et apprentissages.

 

1. Nature et circulation des savoirs disciplinaires en classe et en formation

Le travail conduit au sein de cet axe mobilise les problématiques centrales des recherches en didactique des disciplines développées au sein des laboratoires des universités du GIS : étude des processus de transposition, des caractères de didacticité des savoirs, analyse des leviers et des obstacles de l’enseignement-apprentissage de savoirs spécifiques et disciplinairement situés, etc.

Il s’agit de faire vivre une dialectique formation/recherche en prenant pour point de départ les principaux résultats des recherches en didactique afin d’en analyser finement l’impact sur les pratiques (effective, en construction) des enseignants et des formateurs des trois segments des espaces éducatifs formels (primaire, secondaire et supérieur), et informels (ou a-scolaires), dans des contextes de formation initiale (master MEEF) et continue (PDF, PAF, PNF, etc.). D’une manière plus générale, les travaux conduits sous l’axe 1 entendent questionner et objectiver l’intérêt de la formation “par” la recherche, lorsque la recherche porte sur des questions de didactique disciplinaire.

Une telle entreprise nécessite la construction d’éléments théoriques permettant la mise au jour d’indicateurs pertinents pour rendre compte de liens possibles (éventuellement féconds) entre “recherche en didactique des disciplines” et “formation”. De ce point de vue, les travaux de l’axe 1 recouvrent des dimensions heuristique et méthodologique. La construction de tels éléments théoriques repose sur l’explicitation de choix de contenus de formation, eux-mêmes dépendants des recherches développées aux sein des laboratoires du GIS; ces choix se déclinent selon quatre thématiques qui forment autant d’objectifs de formation :

  1. Étudier les processus de transposition (dimension didactique) et les conditions de création et d’adaptation d’un savoir donné (dimensions épistémologique et historique) ;
  2. Travailler les difficultés / leviers (socio)cognitifs liées à la conceptualisation, à l’apprentissage d’un savoir donné ;
  3. Analyser les transformations d’un contenu de savoir lorsque l’enseignement est instrumenté et/ou considéré dans des espaces pluri(inter)-disciplinaires ;
  4. Examiner la manière dont le savoir se transforme au long des transitions majeures de l’enseignement (CII-CIII, 3e-2nde, lycée-université) et entre disciplines.

La mise en oeuvre opérationnelle de cet axe procèdera dans un premier temps de deux journées d’étude, l’une centrée sur la présentation des problématiques majeures des didactiques disciplinaires représentées au sein du GIS, l’autre tournée vers la question des liens entre recherche et formation. L’organisation de ces journées formera le point d’ancrage à la création de groupes de travail thématiques pluridisciplinaires formés sur la base des 4 orientations précisées plus haut.


2. Formation, pratiques, spécialités enseignantes et éducatives

Cette thématique s’adosse sur les nombreuses recherches consacrées aux pratiques enseignantes et à la formation des acteurs de la communauté éducative qui visent à comprendre la professionnalisation avec les points de vue contrastés de l’analyse de l’activité, des approches cliniques, des gestes professionnels, de l’ergonomie, de la didactique professionnelle...

Ces recherches sont consacrées à la « professionnalité » et permettent d’objectiver des conduites expertes et novices et des processus de développement professionnel. Certaines d’entre-elles focalisent les contextes d’exercice professionnel et leurs effets, tant sur les pratiques des enseignants et conseillers principaux d’éducation que sur leurs évolutions. D’autres prennent particulièrement en charge les spécificités des contenus à enseigner et les caractéristiques des segments scolaires ainsi que le valorisent les textes sur la refondation de l’école.

La notion de spécialité conduit ainsi à investiguer les pratiques enseignantes et éducatives selon la diversité des contenus du point de vue de leurs paradigmes à la fois épistémologique et social. Cette thématique vise en particulier l’identification des registres majeurs de l’analyse des pratiques, afin d’une part de positionner les orientations de didactique normative, de didactique praticienne et de didactique critique et d’autre part de contribuer à la construction d’outils de contrôle de la signification des activités mises en place par les enseignants.


3. Mondialisation, innovations, évolutions professionnelles et curriculaires

Cette thématique vise à considérer les évolutions professionnelles et curriculaires liées à la mondialisation et aux innovations associées, pour le domaine de l’éducation. Les changements induits par un monde désormais globalisé et une mobilité croissante (qu’elle soit réelle ou virtuelle) impliquent en effet une réflexion, notamment autour des thèmes clés suivants :

analyse des contextes éducatifs internationaux et des politiques qui les sous-tendent;
mise en place de dispositifs de formation intégrant le numérique en lien avec des partenaires internationaux ;
enseignement-apprentissage d’une matière dans une langue étrangère ;
contacts des langues et variation des normes langagières ;
évaluation/certification et approche par compétences ;
apprentissage tout au long de la vie et évolution du métier d’enseignant...

Par-delà une perspective comparatiste, l’enjeu est ici d’orienter les choix en matière de pédagogie innovante et d'internationalisation des curricula comme des pratiques de formation pour l’ensemble des disciplines, dans une dynamique de collaboration, de créativité, d’ouverture.

Cette thématique gagnera à être adossée à des projets de recherche internationaux menés dans le cadre des Relations Internationales de l’INSPÉ de Paris et, plus largement, de Sorbonne-Universités.


4. Publics scolaires, socialisation et apprentissage

Centrée sur les enfants, les élèves et les étudiants, cette thématique vise à faire le point sur les recherches concernant à la fois la socialisation, l'expérience scolaire et ses épreuves, les apprentissages et leurs conditions d'efficience, et ce dans différentes domaines du savoirs sociologie, histoire, psychologie, sciences cognitives). Il s'agira aussi d'en discuter les implications pour la formation et la manière dont la circulation se fait entre ces recherches, les pratiques enseignantes et la formation, en s'interrogeant à la fois sur les  espaces sociaux de cette circulation et sur les diverses modalités d'appropriation (ou de non-appropriation).

Cette thématique sera mise en œuvre au travers de journées d'études destinées dans un premier temps à favoriser l'interconnaissance entre les chercheurs de l'ESPE et des universités parisiennes partenaires, qui ont entrepris et fait aboutir des travaux de ce type.

Un tel état des lieux pourra dans un deuxième temps décider de la pertinence d'efforts de recherche conjoints.


5. Enseigner, former et apprendre avec et par le numérique

Dans le domaine de la formation, ce qu’il est convenu d’appeler le numérique semble bouleverser les fondements du compromis social ayant conduit au système éducatif tel qu’il existe encore peu ou prou aujourd’hui. Les recherches menées dans ce domaine viseront à distinguer et à mettre en perspective les différents phénomènes en jeu.

Elles devront également interroger – à des échelles différentes – la nature des évolutions souhaitées par les institutions et les pratiques constatées sur différents terrains et leur  caractère innovant. Elles devront enfin faire des recommandations pour un accompagnement par la recherche de projets ambitieux et travailler sur les conditions d’une diffusion ou d’une appropriation des innovations jugées réussies sous de nombreux angles : pédagogique, institutionnel, social, économique, etc.

Dans cette perspective, les approches interdisciplinaires seront privilégiées.


6. Cognition, cerveau et apprentissages

Aujourd’hui, il faut que les enseignants soient instruits des découvertes les plus récentes des sciences cognitives et de l’imagerie cérébrale sur l’organe qu’ils exercent, sollicitent et éduquent au quotidien, le cerveau. Au XXe siècle, les progrès de la science ne le permettaient pas encore, mais depuis le début du XXIe siècle, les découvertes se multiplient en ce domaine.

En France, en particulier à Paris, on compte un petit nombre de laboratoires de pointe qui peuvent monter en puissance pour relever ce défi. Leurs recherches et celles de leurs homologues internationaux portent sur le fonctionnement du cerveau humain qui apprend à lire, écrire, compter et raisonner. Il s’agit du cerveau en interaction sociale et culturelle. Ces études sont dites « développementales » car elles cherchent à comprendre le développement cognitif, du bébé au jeune adulte, par des expérimentations transversales (à un âge donné) ou longitudinales (à travers les âges). Il s’agit d’une alliance nouvelle de la psychologie de l’enfant et de l’adolescent avec les sciences du cerveau.

Dans l’Éducation nationale, il y a, de fait, un « angle mort » total sur le cerveau des millions d’élèves qui, chaque jour, vont à l’école. Alors que mieux connaître les lois d’apprentissage de leur cerveau pourrait permettre aux enseignants de comprendre pourquoi certaines situations d’apprentissage sont efficaces, alors que d’autres ne le sont pas. C’est ce qui manque cruellement aujourd’hui pour mieux lutter contre l’échec scolaire. Les « dispositifs sociaux » ne suffisent pas. On éduque encore en 2016 « en aveugle », c’est-à-dire en manipulant juste les entrées (programmes, pédagogies en classe) et les sorties (résultats aux évaluations), sans connaître les mécanismes internes du cerveau humain qui apprend.

L’objectif de cette thématique du GIS de l’INSPÉ de Paris est de fédérer les recherches les plus récentes sur ce sujet et de créer des allers-retours des labos de sciences cognitives aux terrains des écoles, de la maternelle au lycée.